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LA QUEBRANTAHUESOS 2010

Publié le par Jean Denis

 

 

 

SABINANIGO (Espagne), le samedi 19 juin 2010 à 7h29

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Sur la ligne de départ flotte (pas celle qui nous attend un peu plus loin) une impatience matinale où chaque groupe arbore son oriflamme.

L’escadrille des « Je porte un casque.com » est présente sur la première ligne. Unis, tels des jumeaux, par leurs rêves partagés et un même maillot, ils savourent ces quelques instants de bonheurs qui présagent des moments plus douloureux. Ils le savent et regroupés tels les sept samouraïs, ils s’apprêtent à ferrailler des manivelles. Car guerrier, il faudra l’être pour venir à bout de la QUEBRANTAHUESOS et de ses 205 km de pèlerinage à travers les Pyrénées espagnoles et françaises.

 

7h30

En fait de décollage (escadrille oblige), dès le coup de canon, le climat est à l’assaut, à l’estocade devrais-je dire. Les premiers kilomètres se font à une vitesse qui hallucine le regard des spectateurs.QuebrantahuesosBlog.jpg

Et bien sûr, dès les premiers hectomètres, notre « poulet » (Yves), soucieux de montrer nos couleurs, gratifie le peloton d’une figure de style digne d’un grand prix moto, guidonnage à l’appui. Mais avec une certaine maîtrise (non dissimulée !!!) et après un arrêt d’urgence pour une réparation éclair, il rejoindra toujours avec le même brio l’assemblée. Il est à regretter qu’il n’ait pas eu les applaudissements qu’il méritait.

 

C’est au bout de 40 bornes, et en moins d’une heure que nous abordons le col du Sompor, première tranche de haute montagne de la journée. C’est aussi ce moment que choisit une compagne non désirée pour se joindre à nous : « la pluie froide et pénétrante » ; elle fera preuve d’une fidélité irritante.

Dès le début, le Sompor se montre être un col au goût de bouchon ; bouchons de cyclistes pelotonnés à l’image des spectateurs sous leurs parapluies. C’est ici aussi que les JP1C se dispersent ; chacun décide de mener sa vie comme il le souhaite, s’exprimant au gré des caprices de la pente, même si certains à l’esprit plus chevaleresque, dans un bel élan de compassion, feront cause commune.

Ce col tue lentement, les grimpeurs le gravissent disséminés, ils se dispersent sur toute son étendue qu’ils animent d’un mouvement de gestes saccadés qui enchante une foule et la fait s’exalter au son des :  « animo, animo, animo… »

Plus loin, le grimpeur, excepté s’il est piqué par une guêpe (chose peu probable en ce jour arrosé), continue sa migration trop lente au grand dam de spectateurs qui l’incitent à accélérer au son des : « venga, venga, venga… »

Enfin, dans le brouillard dégoulinant apparaît un porche, c’est le sommet. En haut défilent les cyclistes par petit groupes continus, soudés coude à coude dans des moments très forts ou calvaire et apothéose se confondent.

Il faut maintenant aborder l’autre versant, la vallée d’Aspe, par un temps à ne pas mettre un ours dehors, dans la froideur et les périls d’une descente où la route devient cataracte et rigole. Cinquante kilomètres où tous les efforts d’ingéniosité et d’étanchéité resteront impuissants à contenir les flots. Et c’est dans cette ambiance cataclysmique que chaque coureur dans un bel élan de plongée essaye d’harponner la roue de celui qui le précède, formant ainsi des échappées fleuves, et favorisant aussi l’écoulement des flux.

Mais, sournoisement, sans avertissement se présentait l’ennemi public numéro un : « le col de Marie Blanque ». Quatre kilomètres de rampe infernale. Pour beaucoup ce fut la vraie révélation de la journée. Comme l’a si bien écrit Jean de la Fontaine : « ils n’en mourraient pas tous, mais tous étaient frappés ».

Rapidement, le compteur affichait des allures de corbillard entre 7 et 9 km/h (voire moins…). Le dicton qui affirme que « tout homme qui s’élève s’isole », prenait ici toute sa valeur. C’est dans ces pentes abruptes à plus de 13% que le cycliste se retrouve seul, même au milieu des autres ; comme il dit :  « il gère ».

8891778.jpgIl dodeline du chef et des épaules, le nez dans le guidon il progresse ; parfois il lève la tête pour mesurer l’immense vide qui le sépare du sommet, mais jamais il ne se retourne. Puis tout à coup, on le voit se redresser, il convertit les rictus de son visage en un sourire des plus radieux, il se met en danseuse et semble avoir retrouvé un coup de pédale des plus aériens. En fait, tout cela pour un bref instant de gloire numérique, car il passe devant les photographes. Dix mètres plus loin, c’est le retour aux affaires courantes de notre charmeur éphémère.

C’est enfin le sommet ou le flot des cyclistes coule goutte à goutte comme une fuite d’eau.

Nous y  retrouvons notre grimpeur qu’un sorte de torpeur semblait avoir accablé ; sans doute la malédiction du pourcentage. Le voilà qui s’arrête et par enchantement, après avoir absorbé un filtre magique sorti d’un mystérieux récipient, il retrouve ses ailes (n’y voyait ici aucune allusion) ; il s’ébranle et part dans une descente vertigineuse en lançant son terrible cri de guerre : « cocoricoooo… ».

C’est la descente vers le dernier col, celui du Portalet. Elle se fait avec précaution et dans le bas lui succède quelques kilomètres de plat qui voient se former de nombreux paquets de cyclistes regroupés tels des moutons de Panurge, recherchant quelque réconfort.

Arrive enfin un panneau annonçant le sommet du col à 29 kilomètres ; puis le suivant à 28 km ; et un autre 27 km ; encore un 26 km et ainsi de suite ; un autre et un autre, encore et encore ; ces panneaux se présentent avec une telle lenteur que l’on a l’impression  que le sommet recule sans cesse.

Bien sûr les pentes y sont moins dures, mais les coureurs y consument leurs dernière énergie, avec gloutonnerie pour certains, sachant que c’est le dernier grand col. Et même si en arrivant au sommet on en a « ras le col », on ne peut s’empêcher d’accélérer au milieu d’une foule nombreuse et parmi les : « animo, venga et autres opa » de plus en plus vigoureux. S’y ajoutent les « campéon » de prestige pour tous ceux qui franchissent la montagne.

Ouf, c’est la descente vers l’Espagne, la pluie s’arrête et la route devient de plus en plus sèche ; au fond de la vallée on devine un soleil encore timide, mais non moins accueillant.

Les kilomètres défilent sur une belle route jusqu’à ce que l’on soit dévié vers un village aux allures de « Paris Roubaix » avec ses pavés déchaussés ; annonciateur de l’ascension de l’Hoj de Jaca, pour ceux qui l’avaient oubliée.

Un petit col de deuxième classe, deux kilomètres à plus de 8%. Il faut quand même aller le chercher à plus de 1200m ; plein de détours, de rampes, avec un revêtement fissuré qui fait plus penser à une allée de jardin qu’à une route ; une montée très étroite, assez protégée qui donne l’impression de se trouver dans un stade au milieu d’un public vociférant et débordant.

Passé le sommet, il suffit de redescendre pour retrouver la belle route et la plaine qui nous ramène vers une belle victoire et une ligne d’arrivée tant convoitée.

Cette QUEBRANTAHUESOS est une cyclosportive qui n’usurpe pas son nom ; cascadeuse, éreintante, mais exaltante, elle vous brise vraiment les os.

Il faut convenir que ce n’est pas de la petite bière, même si une fois la ligne d’arrivée franchie, s’ouvre devant les coureurs un stand du houblon à l’image de cette course : « monstrueux ». Après s’être fait rincé par le Bon Dieu toute la matinée, il était de bon ton de se faire rincer par un de ses saints ; en l’occurrence la dégustation de San Miguel s’imposait, ravivant autant le palais que l’estomac et le souvenir.

Une superbe organisation, près de 6000 participants et aucun moment d’attente,  pas de couac, tout est rodé et fait pour le cycliste.

Une très belle aventure qui nous a permis, une fois de plus de hisser haut les couleurs du team dans des maillots certes dégoulinants, mais toujours aussi étincelants :

- Christophe Marizy                   7h29 BLOG-2010-1760--50--.JPG

- Philippe Pallares                    7h32

- Yves Derudet                           7h35

- Jean-Denis Gely                     7h44

- Christophe Bonzoms             7h49

- Laurent Devoyon                     8h54

- Patrick Cazillac                        8h54

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<br /> Merci - Sportivement - Thierry<br /> Invitation au "Le Club Respect Sport" lien<br /> http://www.facebook.com/group.php?gid=124667410896379<br /> - Envoyez ce message à tous vos ami(e)s, pour ceux qui font du sport, et même ceux qui disent"le sport c'est dur"... http://respectsport.over-blog.fr<br /> <br /> <br />
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L
<br /> La classe ;-)<br /> <br /> <br />
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